Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

dimanche 31 juillet 2011

Thé

Pour éduquer les papilles, rien de tel qu'une dégustation.
Ici, deux sortes de thé Oolong encadrent du thé de jasmin
Jusqu'à présent, ma pratique du thé consistait à glisser des sachets ou des feuilles dans  une théière ou une tasse, de laisser tirer et de consommer. Et déjà, dans mon entourage, je passais pour une "connaisseuse", voire une casse-pieds, parce que j'exigeais d'avoir une boisson faite avec une quantité suffisante de thé, comme une cuillère par personne, plus une cuillère pour le pot, vieux restes de mon séjour en perfide Albion.

Mais je réalise que je suis vraiment entrée dans le berceau du thé et que la dégustation du breuvage peut être comparée à celle du vin dans d'autres contrées. En clair, je peux boire de la piquette et prendre un air de ravissement pour faire plaisir, mais je ne vois pas trop la différence. Il faudra éduquer les papilles...

Heureusement, les salons de thé sont nombreux et les magasins de thé sont aussi courants que les coiffeurs.

Un petit magasin, comme il en existe tant.
Alors, pour en savoir davantage, voyons ce qu'Internet a à offrir qui pourrait correspondre à ce qu'on m'a déjà raconté.

" Le thé, bien plus qu'une simple boisson d'agrément, représente une véritable institution sociale et culinaire. Le thé occupe une place centrale dans la vie quotidienne : les Chinois boivent du thé tout au long de la journée, chez eux comme sur leur lieu de travail. Souvent, ils réinfusent les mêmes feuilles en rajoutant de l'eau chaude après une infusion. À côté de cette consommation quotidienne de thé ordinaire, les Chinois consomment des thés raffinés, en compagnie, dans les maisons de thé ou les jardins de thé, ou bien chez eux entre amis ou personnes que l'on veut honorer. Il n'est ainsi pas rare qu'un hôte, pour célébrer la venue d'une personne importante ou qu'il n'a pas vue depuis longtemps, achète pour l'occasion quelques grammes d'un thé de luxe, dont les meilleures moutures peuvent s'avérer très onéreuses. De plus, il est courant d'offrir du thé aux personnes que l'on reçoit chez soi. "

Des "galettes" de thé Pǔ'ěr

Les Chinois répartissent le thé en six catégories, dont les noms sont tirés de la couleur de l'infusion et non de la feuille. Cette couleur révèle le taux d'oxydation des feuilles, soit, dans l'ordre croissant :
  • 黃茶 huáng chá (thé jaune) ; les plus fins et souvent les plus rares. Très délicats, ils subissent une légère oxydation à l'étouffée et leurs feuilles ne sont pas travaillées. Seuls les bourgeons duveteux sont utilisés.
  • 白茶 bái chá (thé blanc) ; à l'instar des thés jaunes, ce sont des thés très délicats qui, eux, ne subissent aucune oxydation. Les trois premières feuilles, dont le bourgeon, peuvent être présentes, toujours entières. Elles sont séchées à l'air libre.
  • 绿茶 lǜ chá (thé vert) ; ces thés ne subissent aucune oxydation et sont la plupart du temps composés de bourgeons ou de jeunes feuilles. Ce thé est travaillé, les feuilles subissant diverses opérations (réchauffage à 100°, par exemple).
  • 乌龙茶』 wūlóng chá (thé « dragon noir »), orthographe courante : thé Oolong. Ce thé est couramment désigné sous le vocable 清茶 qīng chá « thé clair » ; le nom de ce type de thé vient de la couleur de la feuille et non de l'infusion. Ce sont des thés dits « semi-fermentés » car leur oxydation varie de 12 à 65%. Les feuilles sont souvent entières.
  • 红茶 hóng chá (thé rouge) ; ils sont oxydés à 100% ; les feuilles utilisées peuvent être brisées pour les thés de moindre qualité. Ce sont les thés que nous appelons « thé noir ».
  • 黑茶 hēi chá (thé noir) ; ce sont des thés entièrement oxydés ayant subi une post-fermentation de plusieurs années, des thés de garde. Très coûteux, ils ne sont connus la plupart du temps des Occidentaux que par les versions dont la post-fermentation ne dépasse pas quelques jours, commercialisées par la Chine. Ces « copies » sont vendus en supermarchés sous les appellations de 普洱 Pǔ'ěr ou de 磚茶/砖茶 zhuanchá.
  • 花茶 huāchá (thé aux fleurs) ; ce n'est, à proprement parler, pas un type de thé, car le thé agrémenté de parfums de fleurs auxquelles il a été mêlé (ou, pour les thés médiocres et commerciaux, recouvert d'essence) peut être de couleurs diverses. Le thé au jasmin, 茉莉花茶 mòli huāchá, dans ses versions les plus raffinées, peut être composé d'un thé blanc parfumé, aux saveurs très délicates. Les thés noirs parfumés aux fleurs sont les plus répandus, le plus souvent aussi les plus médiocres quand ils sont construits sur des poussières de feuilles auxquelles une essence quelconque a été rajoutée. Un bon thé parfumé doit l'être par le contact avec des fleurs fraîches, et non grâce à une essence. Voilà qui est envoyé.
Donc, il y a du boulot pour saisir les subtilités, déjouer les supercheries... On considère souvent que les Chinois sont des barbares en matière de vin (de raisin). Et nous sommes des barbares en matière de thé. Éduquons-nous les uns les autres.

Ça, c'est de la galette!!!
Nous avons découvert un endroit entièrement dédié à la vente de thé, Tea City. Des dizaines de petites boutiques se côtoient et on a ici accès à toutes les sortes de thés de Chine en se baladant de boutique en boutique. Quand un aspect particulier ou une odeur nous attire ou qu’un vendeur parait particulièrement sympathique, c’est le moment de s'arrêter pour une dégustation dans les règles de l’art.


Aux étages, les amateurs de porcelaine chinoise peuvent être satisfaits et négocier des services à thé.
















Et voici une fleur de thé épanouie...
On est tout de même loin du sachet Lipton jeté négligemment dans une tasse d'eau plus ou moins chaude à trois francs cinquante. Et pourtant il s'agit toujours de thé...

A lire (en anglais) :
L'intemporalité du thé
Le thé en Chine
Le retour des traditions de la dynastie Song
Les maisons de thé
La cérémonie du thé, entre précision et amitié

vendredi 29 juillet 2011

La fin d'une ère

En moins d'une heure, nos cartons, nos quelques meubles et
nos plantes ont pris place dans le camion
C'est bien sûr de l'ère MingYuan qu'il s'agit, pas de l'ère Mao ou l'ère Deng qui pourraient être des sujets futurs, mais peut-on parler d'une fin dans ces cas?

Si j'ai été peu bavarde ces derniers jours c'est que j'avais d'autres chats à fouetter. Je m'étais dit "tranquille de déménager d'un meublé à un meublé après une seule petite minuscule année, ça garde la main." En plus, j'avais décidé de demander une ayi pour nettoyer l'ancien, vraiment la méthode super régime.

Faire des cartons c'est facile, pièce après pièce, gentiment, on empile. Progressivement, on constate l'ampleur des dégâts. Comment est-ce possible d'avoir autant d'affaires? Même si tout est passé au peigne fin, tout est in-dis-pen-sa-ble!


La date du déménagement est fixée au 25 juillet. Les déménageurs doivent venir à 8h, puis 7h30. En fait c'est à 7h qu'ils sont là, tranquillement assis dans l'herbe à fumer des cigarettes en nous attendant.

L'ayi est demandée pour le 26 ou le 27 juillet avec remise des clés au plus tard le 29. Tout ça est réglé par message pour qu'il reste une trace de nos demandes. Mais les traces, tu te les dessines en couleur et les programmes, gérés à la dernière minute, sont "flexibles". L'ayi est venue le 25 au soir avec deux copines. Elles ont, paraît-il, nettoyé pendant quatre heures. Ma fierté de ménagère de plus de 49 ans en a repris un coup, vu que je pensais avoir entretenu mon logis. Surtout que les fenêtres étaient faites "à la  va-t-en comme je te pousse" ou pas du tout. Mais trêve de vexations inutiles, l'appart est nettoyé...


Pour la remise des clés, c'est finalement le 26 juillet, 16h, qui est proposé par la sœur de la propriétaire. Comme j'ai vraiment envie de liquider l'affaire le plus rapidement possible, je me plie à son exigence. Elle et son fils, Lisa et moi sommes tous à l'heure. Je vérifie l'état de l'appartement, des nettoyages. Va passer? pas passer? Passe! Même avec félicitations (pas trop méritées, mais je prends). J'observe avec intérêt que la sœur de la propriétaire et son fils passent pas mal de temps à vérifier si les clims fonctionnent, alors que s'il y a une chose dans cet appartement dont nous ne sommes pas responsables, c'est bien cela!

Arrive ensuite un moment très surnaturel : le décompte final. Dans mon monde à moi on relève ou fait relever les compteurs et les factures sont ensuite transmise à la nouvelle adresse. Dans ce monde-ci, rien de tel. Lisa vérifie nos factures payées, relève les compteurs (eau, électricité, gaz), appelle les établissements concernés qui lui donnent tout de suite la valeur de nos consommations jusqu'à cette heure exacte. On additionne le tout et on soustrait des factures que j'ai payées au nom de la proprio (réparation de la clim, d'un robinet). Reste un solde en notre faveur. Pour le téléphone, il faut attendre la facture finale, alors 2000 yuans sont retenus de notre caution. Et justement la caution, parlons-en. La dame devait nous rendre le jour même 2 mois de loyer en cash qui servaient de caution. Comme les billets les plus élevés sont ceux de 100 yuans, c'est tout juste si je n'avais pas loué une camionnette blindée. Tant mieux, parce que la dame n'a pas le fric. Ben, non, sa sœur est justement en train de transférer l'argent. Alors on fait quoi?

Calcul du décompte
C'est sûr qu'il aurait été  tellement simple de retourner cet argent directement de Mme Li à Komax, le chemin direct. Mais pas celui emprunté. Je dois  avouer que j'ai un peu perdu le fil de la conversation, tant la voie choisie fait des détours. De Mme Li, l'argent transite par le compte de son neveu. Puis, juste après notre réunion, le neveu le passe sur le compte de Lisa qui le transfère sur notre compte le soir même pour que nous le remettions à Komax. L'avenir des banques est assuré! Je regarde toute cette discussion avec détachement, tellement d'ailleurs que quand la porte se ferme définitivement, je n'ai pas d'émotions... ni mon chargeur de téléphone. Je dois courir après la sœur et le neveu pour récupérer le chargeur. Dans ce cas aussi, je pensais qu'ils allaient me prêter la clé pour que je cours rechercher mon bien. Mais non, le neveu vient avec moi. Des fois que je voudrais ré-emménager...

C'est une fois dans le taxi, entourée de mes brosses, mon seau et mon aspirateur que je prends congé de MingYuan et du quartier. Zaijian 再见!

jeudi 21 juillet 2011

Eté


Ce matin, 8 heures
On m'a demandé " Avez-vous un peu d'été? " Je me suis dit mais quelle drôle de question. De l'été, on en a des paquets. Et puis, j'ai un peu approfondi la question. Que signifie avoir l'été ? Je suis en train d'écouter la radio de ma patrie et j'entends que certains cols sont fermés pour CAUSE DE NEIGE. Et pourtant, il ne viendrait à personne l'idée de dire que c'est l'hiver, ou du moins l'automne. C'est juste un été un peu pourri qui a tout de même le mérite de faire parler les gens. Mais quels sont les vrais signes que c'est l'été, puisque la température et le temps ne comptent pas vraiment ?


Aujourd’hui, 15 heures

Tout d'abord, ici, la température, ça compte. En effet, pour que l'été soit formellement déclaré il faut avoir dépassé 22°C pendant plus de cinq (5) jours. Je ne sais plus quand l'été est arrivé, mais ça fait un moment. On voit ci-contre que c'est bien l'été au niveau des températures.


Autour de la maison, il y a des signes qui ne trompent pas. Le marchand de plantes et oiseaux a agrandi sa surface de vente. Il a même ajouté des tortues et parfois il s'associe à un  vendeur de poissons. Les joueurs de cartes attirent une foule de spectateurs, on ne voit même plus qu'ils sont en train de jouer.






Le chapeau de paille a la cote auprès des employés de la ville et on trouve des vendeurs à tous les carrefours.


Des parasols fleurissent sur les trottoirs pour protéger gardiens d'immeubles et piétons disciplinés aux feux rouges.




Un signe qui ne trompe pas, le parapluie devient l'accessoire indispensable : il abrite du soleil et protège de la pluie (quand elle tombe à la verticale).



Les vitrines sont drôlement plus agréables à regarder :



Fred m'a dit qu'il aimait bien l'été parce que toutes les filles montraient leurs jambes. Je l'ai raconté à Kelly. Nous avons bien ri quand elle m'a avoué que son copain pensait pareil. Elle a même ajouté : " La semaine prochaine, on met toutes les deux des mini-jupes! " La semaine suivante, elle avait mis sa mini, et j'ai utilisé mon joker...


Mais les garçons ont aussi leurs petites préférences pour l'été :

et l'éventail
Le t-shirt remonté
Les pastèques ornent les trottoirs. Comme on nous le répète quasi chaque jour, elles sont bonnes pour le yin, pour refroidir le corps. Je vais encore investiguer ce sujet. Pour l'instant, en ce qui me concerne, elles sont bonnes, tout court ! Conservées qu réfrigérateur, elles valent une glace.



Et enfin, l'ultime signe de la présence de l'été, les grillons. Écoutons-les!


Alors, oui, chère on, nous avons l'été. Mais est-ce un peu ? beaucoup ? à la folie ? En tous cas, ça colle !

mercredi 20 juillet 2011

Mars - avril 2011: Xitang 2 X


C'est le 12 mars. Johnny, un collègue de Fred, son épouse Sunny et leur fils Dudu nous invitent. Nous ne savons pas trop ce qui nous attend, ce que nous ferons et où nous allons. Départ 9h30.

Dans la voiture, Johnny nous annonce que nous allons à Zhouzhuang. "Très bien", on dit, "c'est très joli." Johnny est étonné que nous connaissions. Nous le rassurons nous y sommes allés en août, il faisait étouffant, il y avait foule (voir Zhouzhuang), ce sera différent, pas de souci. Sunny propose de changer de programme et d'aller dans une autre ville d'eau, Xitang. Sur la banquette arrière, nous sommes joyeux, youpie, nous allons découvrir une autre ville d'eau! Et c'est parti pour 1h30 de route, à travers un paysage que nous connaissons un peu puisque c'est dans la même direction que Zhouzhuang et Suzhou (Septembre 2010: Fête de la mi-automne à Suzhou), plat, plat, plat, un peu monotone depuis l'autoroute.

Nous laissons la voiture dans un énorme parking plein de vide et traversons une sorte de ville fantôme : des maisons très neuves, construites "à l'ancienne", des magasins vides ou fermés en général, quelques gargotes qui laissent s'échapper l'odeur fétide du tofu fumé. Rien, franchement rien qui valait le déplacement! Mais à voir l'enthousiasme de Johnny à nous faire déguster des chinoiseries, on ne peut quand même pas faire la gueule!

En continuant notre promenade, nous réalisons que la ville fantôme n'était pas la vraie raison de notre visite. En effet, après cette partie récente, il y a la vraie ville d'eau, celle qui vaut le déplacement, pour laquelle il faut un billet d'entrée.



Tout est calme et paisible, la lumière est douce, même les policiers donnent un coup de main pour plier les draps. C'est aussi la première fois que nous laissons tomber la veste (la doudoune ne nous accompagne même pas). Gentiment, les petites terrasses se peuplent, mais nous avons le choix, dedans, dehors, au soleil, à l'ombre. Dans les étages, on repère des restaurants et aussi des chambres d'hôtes, nombreuses. C'est sûr, nous reviendrons avec notre brosse à dents et ainsi nous pourrons profiter des bars qui bordent une des rues principales.

J'ai l'impression d'avoir atterri dans un endroit authentique et ancien, sans pour autant être chargé d'Histoire, des Ming, des Qing et autres Song, juste un simple témoin du passé. Ça doit bien être la première fois! Je suis très enthousiaste, je trouve tout agréable. Tiens, j'ai même la folie acheteuse!

C'est aussi assez rare que je me laisse porter, tirer et pousser sans savoir où je vais. Je n'ai même jamais entendu parler de Xitang, c'est tout dire... Néanmoins, au moment d'écrire ces lignes, je sais que la ville de Xitang est traversée par neuf rivières (elle mérite bien son appartenance aux villes d'eau) et, que je le veuille ou non, elle a quand même été construite pendant les dynasties Ming et Qing, on n'en sort vraiment pas! Si on veut tout savoir il y a un site officiel.

Comme le monde idéal n'existe pas, il y a tout de même un aspect moins tentant le long des rivières et dans les petites rues : la nourriture. J'avoue, c'est exceptionnel qu'il n'y ait pas un petit truc qui me fasse saliver. Là, rien de rien, tout à coup, je n'ai pas faim.
















Avec Johnny, c'est toutefois difficile de sauter un repas! Alors, resto...


Nous nous demandons pourquoi on peut lire
de telles pancartes

Petit tour en douceur (et en bateau):


Forcément, quand il est question de visiter une ville d'eau avec nos invités en avril, c'est à Xitang que j'ai envie de les conduire et c'est en bus que nous nous y rendons. Ce que nous ne savons pas, c'est que le bus profite du voyage pour nous faire découvrir un endroit (dont le nom reste un mystère) et des centaines d'arbres en fleurs.


Mais cet arrêt surprise nous offre surtout un magnifique fou-rire. Un spectacle d'opéra en plein air se déroule quand nous arrivons. Allons écouter...

Les spectateurs ne sont pas nombreux, mais nous devons bien être les seuls étrangers (= occidentaux) dans le coin. Il nous semble alors que l'intérêt de l'auditoire se détourne du spectacle lyrique pour passer dans notre direction. Ce ne sont pas tellement les regards qui nous dérangent, ça arrive, mais l'attention soutenue d'un des membres de la fine équipe de la sono. Rien ne lui échappe, de face, de profil et de dos, le tout à 50 cm maxi. De quoi provoquer en nous un très gros fou-rire, heureusement partiellement masqué par nos lunettes de soleil.

L'équipe de la sono, et notre fan N°1 (debout avec casquette)
Une heure de pause, quinze minutes de bus et nous arrivons à destination. Le choc! Le parking que j'avais vu vide un mois plus tôt est bourré, tout comme les bords de rues avoisinantes. Des cars en veux-tu en voilà déversent un horde de touristes, chinois pour la plupart. Tu parles d'un endroit calme et paisible...

Photo empruntée à Mme CR, je pense que
que je suis traumatisée par une telle foule et que
c'est pour cette raison que je n'en ai pas dans
ma collection personnelle
Bien sûr que ça reste joli, les arbres sont en fleur ou déploient un petit vert printanier, bien sûr. Mais c'est Mission Impossible de trouver un endroit pour boire un jus, toutes les terrasses sont bondées et, du coup, c'est tellement moins agréable. Pareil pour un tour en bateau. La longueur de la queue nous décourage immédiatement. Tiens, à propos, c'est ici que la dernière partie de Mission Impossible III a été tournée. Des photos de Tom Cruise en témoignent.







Il y a quand même des petits moments sympathiques pour apprécier des animations locales.
 

Nous sommes toutefois soulagés de retourner dans notre car et de somnoler pendant le voyage du retour. La foule à la chinoise, va-t-on s'y faire?

mardi 19 juillet 2011

Comment avoir des visites?


On peut avoir plein d'amis qui nous rendent visite, ça c'est une méthode traditionnelle qui a fait mille fois ses preuves. Et c'est drôlement chouette!


Mais ici, ce n'est pas une surprise, c'est rare d'entendre retentir la sonnette. Il faut dire qu'en général, on ne débarque pas "comme ça" à la porte. Nous avons notre "régulier", c'est le livreur de bouteilles d'eau. En principe, le samedi matin, il appelle, "tu veux de l'eau", je lui passe ma commande et lui dit quand il peut livrer. Oh, ça paraît un jeu d'enfant, raconté comme ça. Mais il a fallu établir ce rite. La première fois, j'avais écrit mon texte, sûrement, un truc disant: "Bonjour, je suis la dame de l'adresse..., j'aimerais 2 bouteilles d'eau." Rien de bien spectaculaire, je m'en rends compte, sinon que notre adresse est un peu longue. Toujours est-il que le livreur n'a rien compris et ce qu'il m'a dit m'a paru être une jolie musique avec un texte mystérieux. Une chose est sûre, nous ne nous sommes pas compris. Mais une heure plus tard, il était là avec les bouteilles. J'ai célébré cette victoire avec un grand verre d'eau. Ensuite, nous avons progressivement supprimé les mondanités. J'ai coupé l'intro pour qu'elle devienne: "Salut, tu sais qui je suis" et il sait. Et si c'est lui qui appelle, je reconnais sa voix. Donc, lui il sonne, et nous savons qui est à la porte, sans artifice, sans œil de bœuf, trop forts!


Notre sonnette, telle que nous l'entendons à l'intérieur et comme les audacieux qui sonnent l'entendent. Note de la réalisation: Vidéos réalisées sans truquage, sans doublage, ni cascade, ni effets spéciaux.

Et pourtant, il y en aurait des index pour presser des boutons de sonnette.












Alors, à tous ceux qui se sentent seuls, voici un petit truc pour faire retentir le téléphone et la sonnette: remettez votre appartement.

Plus l'échéance de notre départ approche, plus les visites se rapprochent. Il semble que notre propriétaire a décidé de mettre le paquet pour louer au plus vite notre appartement. Sans aucune preuve, je la soupçonne d'avoir mandaté plusieurs agences et que la meilleure gagne. Je ne sais pas si c'est une pratique courante ou si c'est elle qui a soudain pris conscience que le loyer n'allait plus rentré.

En principe, l'agent immobilier appelle, fixe un rendez-vous et accompagne ses clients lors de la visite. Or, il y autant de variations à cette règle qu'il y a d'agent ou agente. Tout d'abord, je soupçonne la proprio d'avoir choisi des agences de "deuxième classe". Comment  je sais ça? Rarement distribution de carte de visite, parfois peu de connaissance d'anglais. Ça m'intéresserait d'ailleurs bien de savoir comment des expatriés décident de mettre leur sort entre les mains d'une agence ou d'une autre. Mais je n'ose pas le leur demander, quand même!

Donc, l'agent appelle, parfois en chinois, parfois directement en anglais. Ou alors, si l'agent ne sait pas l'anglais, j'ai le plaisir d'entendre la voix du fils de la proprio pour fixer le rendez-vous. Je l'ai dit, au téléphone, en chinois, je ne comprends pas grand chose. Quand c'est dans mon intérêt, je fais un gros effort, mais pour la proprio, je n'ai pas envie de mettre de l'énergie, alors je dis "ting bu dong" et basta! La négociation, je croyais que c'était juste pour les prix. Pas du tout, on négocie aussi l'heure de la visite. Exemple:

A : J'ai un client qui souhaite le visiter. Aujourd'hui 3 heures, c'est possible?
B : Non, c'est au milieu de l'après-midi, j’ai des invités, nous serons en train de visiter la ville.
A : Ah, mais Mme Li voudrait trouver au plus vite un locataire.
B : Je comprends.
A : Alors quand ça pourrait jouer pour vous?
B : Midi, je peux m'arranger.
A : Midi précisément?
B : Midi moins le quart, midi et quart, ça va aussi.
A : Et midi trente, c'est possible?
B : Va pour midi et demi, mais pas plus tard...

Les gens sont en général assez ponctuels. Il y a néanmoins des agents qui appellent:
1. quand ils sont en route
2. quand ils sont dans le compound
3. quand ils sont dans le lobby
et parfois, les trois à 5 minutes d'intervalle, juste pour dire qu'ils arrivent.

Après le coup de sonnette (voir plus haut, à ré-écouter en boucle si souhaité), le rituel: "Est-ce qu'on doit enlever nos chaussures?" Ben ouais, nous l'avons fait quand nous avons visité des appartements, alors pliez-vous à la règle locale. Certains ne se déchaussent pas, mais il existe des petits chaussons en plastique réservés à cet usage que les agents ont en principe dans leur sac.

Ils entrent, regardent, commentent sur la propreté de l'endroit (si si, c'est vrai!), le bon goût de la décoration (bon, de moins en moins vu que les cartons commencent à s'empiler), posent des questions sur ce qui reste et ce qui s'en va, font le tour et repartent. C'est marrant, il nous semble qu'ils ne voient pas le mauvais état de la douche et ne posent pas du tout les bonnes questions, genre "fait-il froid en hiver?" ou "est-ce que la proprio comprend vos besoins?". Un peu comme nous quand nous sommes arrivés, je suppose... Pour les Chinois, pas de soucis, mais quand il s'agit d'expatriés qui viennent d'arriver, je me dis "ouille!". Petit inventaire:
  • Une Française qui a déjà habité dans le compound et qui planifie d'avoir un enfant (salon pas assez grand).
  • Une Canadienne d'origine chinoise très enthousiaste, tout est merveilleux, même la nappe sur la table!
  • Une Malaisienne qui trouvait que la vue n'était pas terrible, mais qui est quand même revenue avec son mari anglais. Comme Fred était là, ces messieurs ont tout de suite entamé une discussion boulot. Lors de sa première visite, j'ai vanté le côté vivant et très chinois du quartier. Mes invités ont pensé que ce n'était pas forcément un bon argument. Moi, je m'en fiche, c'est ça qui va me manquer, c'est ça que j'aime ici et je ne bosse ni pour l'agence ni pour la proprio.
  • Une Chinoise avec enfant et maman qui n'ont pas fait long feu.
  • Une autre Chinoise qui parlait l'anglais, alors que l'agente pas du tout.
  • Un Français (enfin, je suppose vu son accent en anglais) qui voulait un appartement dans les 2-3 jours maxi. Déjà qu'enlever ses chaussures avait provoqué un gros soupir, quand je lui ai dit que les déménageurs venaient le 25 juillet, il a directement relacé ses pompes d'un geste rageur. Un petit teigneux, celui-là...
  • Une Allemande avec 2 gosses qui n'arrêtait pas de ronchonner que c'était trop grand, trop cher, qu'elle allait négocier...
  • Et quelques autres dont je ne me rappelle plus. J'aurais dû prendre des photos!
Je m'amuse bien de tout ça, mais je me réjouis quand même que cette étape soit derrière, de tourner la page et de laisser d'autres en recommencer une dans cet endroit.