Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

lundi 4 juillet 2011

Hymne à l'Amour



S'il y a des moments qui me touchent, des endroits qui me plaisent, des situations qui me perturbent, cet endroit, le Parc du Peuple le dimanche après-midi est tout à la fois. C'est une des scènes les plus émouvantes qu'il m'ait été donné d'observer.

 

Avant d'y aller, mettons en place le contexte. Trouver un conjoint ou une épouse est une grande préoccupation pour les jeunes et, surtout, leurs parents. Avant, les mariages étaient arrangés et tout allait bien. Enfin, si on veut. Maintenant, je suppose qu'il y en a encore qui sont organisés par les parents, mais, dans les villes en tous cas, les enfants ont leur avis sur la question. Je n'ai pas une multitude d'exemples pour soutenir cette "théorie". Néanmoins, j'en ai deux pour illustrer cette situation.
Des supports divers. Une offre regroupée...
En janvier, Kelly (voir Kelly) m'a raconté que sa maman, dans le Hubei, lui avait trouvé un bon parti de la région, mais qui vivait à Shenzhen, près de Hong Kong. Il avait une voiture et même un appartement à lui, donc un très bon parti. Kelly a été d'accord de le rencontrer, mais il buvait beaucoup et fumait comme un pompier, habitudes qu'elle trouve détestables. Sa maman a pleuré pendant des jours et des jours.

Presque à la même époque, le dernier jour d'école, notre prof de grammaire avait mis un exemple au tableau sur le sujet du mariage. Et quelqu'un a demandé si elle avait trouvé l'âme sœur. Sûrement parce que le semestre était terminé et qu'elle quittait l'établissement, elle nous a confié que c'était un grand souci pour elle. Sa mère organisait régulièrement des repas avec des prétendants potentiels... mais la première concernée ne les trouvait pas à son goût. Elle nous a expliqué que sa mère estimait qu'une universitaire avec master en poche devait avoir un mari du même grade, voire un doctorat. Et elle, la prof, cherchait l'amour pour se marier. J'ai dû répondre à la question: "Toi qui est mariée, est-ce que tu peux me dire ce qu'est l'amour?" Ah, bonne question... En français, c'est plutôt difficile, mais en chinois, que peut-on répondre? J'ai dit que ça changeait au fil du temps, que mon cœur ne battait plus quand j’entendais la clé dans la serrure, et que j'avais envie qu'on continue le chemin ensemble. Mais est-ce que c'est ça l'amour? Une de mes camarades, l’autre personne mariée de la classe, a complété, allant aussi dans ce sens, même si elle n'était mariée que depuis 10 ans et d'origine japonaise. Ouf... sauf que la prof n'était pas très avancée.

On y met de la couleur pour attirer l'attention
Cette leçon m'a rappelé que le collègue de Fred, Johnny Wang, nous avait dit lors de notre première rencontre en nous présentant sa femme: "J'ai un bachelor, elle a un master." Nous étions au restaurant, pas dans un entretien d'embauche, donc cette information m'a paru un peu déplacée. Bon, nous venions d'arriver, mon monde très helvétique n'avait encore pas été infiltré par des vues chinoises. Comme Johnny et Sunny nous ont invités début mars à Xitang, j'en ai profité pour leur dire que cette remarque m'avait interpelée et leur ai demandé comment ils s'étaient rencontrés (à l'université), et si leurs parents avaient accepté l'autre partenaire. Les parents de Sunny ont bien accueilli ce beau-fils moins diplômé que leur fille. Ça, c'est vraiment le genre de question réservée à un public chinois averti. D’autant plus que la conversation a viré sur la manière de choisir un(e) partenaire. Et c'est là que j'ai été obligée d'avouer que, malgré notre liberté de choix, chez nous un mariage sur deux capote. Fallait voir les yeux tout ronds, enfin, aussi ronds que possible, de Johnny et Sunny.

Il faut donc aussi savoir convaincre.
J'étais donc intriguée de savoir qu'il y avait un endroit en plein centre ville dans lequel des parents affichaient le profil de leur enfant dans le but de pouvoir lui trouver un ou une partenaire. Ce que je ne savais pas c'est que nous verrions des centaines de parents affichant sur le sol, dans les arbres et les buissons, sur des barrières et des murs, le profil de leur enfant, avec numéros de téléphone et louanges

Prendre des notes.
Le but de l'opération est de décrocher un rendez-vous pour leur fils ou fille, qui est, le plus souvent, quelqu'un qui a réussi professionnellement, qui a dépassé l'âge raisonnable pour se marier, et qui se trouve trop honteux de cette situation pour venir personnellement dans le parc.


La quantité d'offres, filles et garçons confondus, est juste impressionnante. A l'heure d'Internet, puisque tes tas de sites de rencontres existent aussi, je trouve tellement surprenant d'avoir recours à de tels moyens. Je me demande si ça marche vraiment et combien de temps il faut venir pour espérer trouver sa Kate ou son Albert. Mais c'est certainement une manière moins solitaire d'afficher ses craintes et ses espoirs aussi. Et qui sait, à force de revenir, peut-être qu'on se fait des potes?

J'ai pris cette photo un peu au hasard.

 

Maintenant, quand je me penche au mieux de mes connaissances sur le contenu de cette "offre", je me dis qu'il y a tout de même des parents impatients.

Une fille de 1990, de Shanghai, 1m60, je me demande si le terme suivant n'est pas "vierge", une suite de détails, étudiante, possède un appartement de 102 m2 4 chambres, 1 sdb, pas de dette, aime voyager, chanter...
Et ce qui lui faudrait: un garçon de 24-26 ans, 1m75-1m80 avec travail stable et quelques autres qualités (on voit vite mes limites, impossible de frimer, ou alors il faudrait sortir le dictionnaire, mais comme il n'y aura pas de note, je m'en fiche).

Mais de quoi ont-ils peur?
Et elle, a-t-elle aussi peur de ne pas trouver l'âme sœur? A-t-elle des défauts cachés? Si je savais mieux le chinois, je crois que j'appellerais le numéro...

1 commentaire:

  1. C'est vrai que le nombre de gens regroupés là était impressionnant! Mais est-ce que le fait de se marier avec qqn de "bien" empêche du coup les gens de se séparer, parce que justement "il ou elle est un bon parti", donc on ne cherche pas plus loin? Ici, je dirais qu'on cherche peut-être TROP loin, on se pose beaucoup de questions, on veut que ce soit toujours au top. Malgré le haut taux de divorce, les gens veulent croire au mariage. Je vois ou j'entends parler autour de moi que de mariages de princesse, gigantesques et super coûteux. Mais ça ne dure pas toujours. Je pense qu'on se questionne mille fois, même une fois marié, parce qu'on se dit que rien n'est jamais acquis. Peut-être que les Chinois, eux, restent ensemble, point. Ce qui le retiennent? la bonne situation de l'autre. Bon, ceci est une pure hypothèse de ma part...Becs

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