Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

lundi 26 septembre 2011

Des goûts et des couleurs


Question :

La Municipalité de Shangahi demande l'avis du public au sujet des nouvelles lignes de métro en construction ou en planification. La ville a 11 lignes et en aura 18 dans le futur. Est-ce que les couleurs sont vraiment utiles?



 Réponses :

  • 59% OUI. Les couleurs m’aident à m'y retrouver.
  • 12% NON. Je me rappelle de quelques couleurs. Trop de couleurs créent la confusion.
  • 18% NON. Je préfère les numéros de lignes aux couleurs.
  • 10% NON. Je me demande s'il y a assez de couleurs pour les lignes à venir.
Est-ce ce n'est pas la démocratie, ça? Pour un sujet drôlement vital ! D'autant plus que les journaux prolongent la consultation... avec souvent des commentaires qui se ressemblent et parfois quelques originalités :

Avons-nous oublié les daltoniens? Les malvoyants ont des lignes sur le sol, mais les daltoniens n'ont rien. Et franchement, il doit y avoir davantage de daltoniens que de malvoyants.

Ce qui serait bien c'est de combiner chiffres, couleurs, graphisme, monuments, parcs, etc... qui se situent sur chaque ligne.

Plutôt que des couleurs, des dessins géométriques.
Dans la rue, pour trouver son chemin
vers une station de métro





A l’intérieur d'une station pour trouver son chemin
vers le quai

Et quand il y a plusieurs lignes,
il suffit de suivre les bonnes flèches

Par rapport à la photo précédente, on voit ici un bleu différent.
Le bleu de la ligne 8 avant, celui de la ligne 9 ici.


Les couleurs utilisées actuellement


Dans cette ville de 11 lignes de métro, 425 km de rail, 14 lignes / 500 km tout soudain, la palette de couleurs n'est plus suffisante. Tout dépend du support employé, les "rouges" des lignes 1, 6 et 7 sont assez semblables, par exemple.

Le sondage s'est arrêté vendredi passé. C'est clair, le bon peuple préfère les couleurs. Alors c'est tant mieux parce que le Shanghai Shentong Metro Group avait déjà décidé de continuer avec ce code.

jeudi 22 septembre 2011

Quand c'est pas l'heure, c'est pas l'heure

Ce titre m'a poursuivie toute la journée d'hier après la lecture d'une brève. Je sais que je l'aurais dit ainsi, mais les écrits restent, on n'écrit pas n'mporte quoi. Et sur Google, voilà que je trouve cette formule qui me rappelle mon papa parce qu'il l'utilisait souvent et qui correspond bien à cette histoire.

Avertissement : il n'y a pas de lien entre histoires et illustrations, sinon le titre.

Des histoires glauques de gens qui pètent les plombs et massacrent des pauvres innocents qui ont eu le malheur de les énerver, on en lit tous les jours. Quand le Chinois s'énerve, il n'y met pas les formes.

Une femme a été attaquée par son ex-mari à la suite d'une querelle au sujet des études de leur fils.

Ah, un fils et unique en plus, je suppose. Il sera professeur. Non, homme d'affaires. Je me demande en écrivant cela quelles sont les professions qui font rêver en Chine. Avec le nombre de publicités de MBA (master in business administration) et l'attrait de l'argent, je dirais au pif les affaires.

La femme, dans la trentaine, a été trouvée abandonnée devant l'entrée de son appartement dans le district de Songjiang.
Des témoins révèlent qu'après l'attaque, l'homme a sauté dans une rivière pour se suicider, mais la rivière n'était pas assez profonde.

Il n'allait quand même s'en tirer comme ça, le mari. J'aurais bien voulu voir sa tête, sauter pour un suicide et hop, tu as de l'eau jusqu'aux genoux. En tous cas, on ne pourra pas l'accuser d'avoir prémédité son coup, il aurait vérifié ce détail. Mais ce n'est pas tout.

Alors l'homme est sorti de l'eau et s'est poignardé dans le ventre à deux reprises avant de sauter à nouveau à l'eau. Mais il a été sauvé par la police qui arrivait sur les lieux. Qui a emmené l'homme et la femme à l'hôpital.

Et l'enfant dans tout ça, il a failli n'être ni professeur, ni homme d'affaires. Plutôt orphelin. Mais ce n'était pas son heure non plus.

Pause image.

Nous sommes régulièrement amusés par des scènes telles
que celle-ci. On installe un nouveau câble.
On pourrait s'imaginer une rue fermée et la circulation déviée. Penses-tu!




Mais ce n'est pas tellement ce qui nous a surpris.
Non, observons les détails...

L'ouvrier a fixé son échelle... aux autres câbles.
Mais c'est pas tout.
 

L'échelle ne touche pas le sol.

Agrandissement.
Il faut revoir la vidéo pour la vue d'ensemble.



Une autre jour en face de chez nous.
Un ouvrier dans un plat de câble à l'arabbiata

Pour eux, comme pour beaucoup d'autres leur heure n'est pas encore arrivée.

Un autre gars l'a également échappé belle, espérons-le. Sur la même page du journal. Il est tombé du 26ème étage d'un bâtiment en construction, dans le district de Jiading cette fois. Mais il n'est tombé que... jusqu’au 25ème étage grâce (c'est le journal qui le dit) à une barre de fer qui lui a transpercé l'abdomen. Ses collègues l'ont retrouvé suspendu dans le vide. Il est à l'hôpital dans un état critique.


Pour lui, c'est juste l'heure de la sieste qui est arrivée

mercredi 21 septembre 2011

Socialisme avec spécificité chinoise


On dit que mon pays est celui des banques. Mais il n'est pas le seul, de loin pas. En Chine, et particulièrement à Shanghai, on trouve des banques à tous les coins de rue (et parfois entre deux coins). Il y a un petit film à ce sujet sur une rue de Xintiandi quand il a été question de la fusion entre Luwan et Huangpu. C'est sûrement parce qu'il y a beaucoup de gens, beaucoup de bas de laine, beaucoup d'entreprises... et quelques ENORMES fortunes.


Juste pour m'amuser, j'ai été voir quelles sont les PRINCIPALES banques de Chine, celles qu'on voit partout. Le choc!

Agricultural Bank of China
Bank of Beijing
Bank of China
Bank of Communications
Bank of East Asia, Limited (The)
Bank of Jilin
Bank of Jinzhou
Bank of Ningbo
Bank of Shanghai
Bohai Bank
China CITIC Bank
China Construction Bank
China Development Bank
China Merchants Bank
China Minsheng Banking Corp., Ltd.
Chiyu Banking Corporation Limited
Chong Hing Bank Limited
Citibank (Hong Kong) Limited
CITIC Ka Wah Bank Limited
Columbia Bank Limited
Dah Sing Bank Limited
Dalian Bank
DBS Bank (Hong Kong) Limited
Exim Bank of China
Fubon Bank (Hong Kong) Limited
Guangdong Development Bank
Hang Seng Bank Ltd.
Harbin Bank
Hongkong and Shanghai Banking Corporation Limited (The)
Hua Xia Bank
Industrial and Commercial Bank of China
Industrial Bank
MEVAS Bank Limited
Nanyang Commercial Bank, Limited
People's Bank of China 
Ping An Bank
Postal Savings Bank of China
Public Bank (Hong Kong) Limited
Shanghai Commercial Bank Ltd.
Shanghai Pudong Development Bank
Shengjing Bank
Shenzhen City Commercial Bank
Shenzhen Development Bank
SiliBank
Standard Bank Asia Limited
Standard Chartered Bank (Hong Kong) Limited
Tai Sang Bank Ltd.
Tai Yau Bank Ltd.
Taizhou City Commercial Bank
Wing Hang Bank Limited (Banco Weng Hang, S.A.)
Wing Lung Bank Limited
Xiamen International Bank
Zhejiang Tailong Commercial Bank

On imagine bien la difficulté de choisir une banque pour ouvrir un compte courant. Nous n'avons pas fait preuve de beaucoup de fantaisie en la matière puisque nous avons choisi la Bank of China (中国银行), la branche de Fuxing Zhong Lu, tout près de notre ancienne adresse. Nous n'avons pas grand chose à faire avec eux puisque nous avons une carte (une carte pour deux, tellement romantique...) pour retirer de l'argent aux nombreuses machines ATM de n'importe quelle banque. Ça rentre, ça sort, c'est la vie. La différence est que nous ne savons pas grand chose des transactions car nous ne recevons pas de relevé. Tout est vérifié au pif.

Pourtant, il est des moments où nous avons besoin de nous rendre à la banque, pour des petites spécialités. Pour l'instant, j'ai fait l'exercice à deux reprises, la première m'a vue ressortir sans succès 90 minutes après être rentrée. La seconde, par contre, a été couronnée de succès en 120 minutes. C'est cette histoire que je vais raconter; on aime mieux parler de ses réussites que de ses échecs, c'est bien connu.

Toute la paperasse qui m'a été
remise, mais la banque en a gardé
au moins de double
Après de longs et nombreux échanges téléphoniques et par écrit, je suis acceptée dans une nouvelle assurance santé? maladie? Reste le petit détail qui tue : il faut régler la note, un an de primes, tout de même. Pas moyen de faire autrement que de passer par la banque. Comme je sais qu'il va falloir m'armer de patience, je prends de quoi m'occuper, journal, bouquin, révision de chinois, c'est tout juste si je n'emporte pas un pique-nique. Je veille aussi à ne pas y aller l'après-midi, les banques fermant à 16.30 h, il faut avoir le temps de terminer la transaction. 11 heures, je passe le garde à l'entrée. 11.01, le gentil, mais néanmoins très agité, directeur me demande en anglais ce que je veux, je lui dis "versement", il me donne un formulaire à compléter, ce qui me prend des plombes vu qu'il n'y a pas de pitié pour les étrangers, faut le faire en chinois. Avant de m'appliquer, je vais chercher mon numéro, comme à la boucherie ou à la Poste de chez nous, sauf qu'il y a 4 séries de numéros. L'autre fois, j'avais un billet de la mauvaise série. Cette fois, on ne me la fait pas, j'en prends un de chaque, j'étudierai plus tard lequel j'utiliserai. De toutes façons, un coup d’œil me suffit pour réaliser que j'ai amplement le temps d'écrire, puis de réfléchir puisque la vingtaine de "chaises d’attente" sont occupées et qu'il y a encore des gens debout. Je réalise que le timing n'est pas bon, il aurait fallu arriver avant la pause de midi. Le directeur ventile, vérifie les numéros de chacun, distribue des bouteilles d'eau et les quatre compteurs n'avancent guère.
J'imagine que la couverture du
carnet change chaque année puisque
c'est un lapin et que nous sommes
en pleine année du lapin
Au bout de 75 minutes, c'est mon tour, youpie! Je suis très fière que l'employé puisse lire le formulaire rempli avec soin, je lui présente la carte du compte, mon passeport, celui de Fred, la facture que je dois régler, une visite drôlement bien planifiée, j'en suis fière. Et le parcours du combattant peut commencer.
Pour les nostalgiques du bon
vieux temps ou ceux qui se
demandent comment c'était avant
L'employé consulte son écran, va photocopier mes documents, revient, re-consulte et  m'annonce que le compte n'est pas à mon nom. Ce n'est pas une surprise. Il appelle un collègue, qui appelle le directeur. Discussion animée (les discussions sont toujours vives et bruyantes), comme si je n’existais pas. Le directeur m'explique en anglais que le compte n'est pas à mon nom, que je ne peux pas faire un versement d'un compte qui n'est pas à moi. On avance peu. Mais ce n'est un problème, il n'y a jamais de problème. Il faut que Fred vienne en personne et tout sera réglé. Peut pas, travaille loin. Pas de problème, il a une autre solution, il faut que j'ouvre un compte. Mais je n'ai pas de sou, pas de revenus, c'est la dèche. Ah oui... pas de problème. On ouvre un compte, on prend des sous à Fortuné Fred, qu'on verse sur mon compte, on paie la facture et le tour est joué. Très simple, mais il y aura des frais. Je vois bien le truc, chez moi, le sourire de l'employé m'est déjà facturé, alors j'imagine bien que tout ce mic-mac va être taxé au prix fort. Combien? 5 yuans (on divise par 8)... Quand même. J'accepte le deal. Le directeur s'en va, tout content d'avoir pu gérer encore un cas difficile. L'employé peut commencer son marathon du papier. Et il remplit des formulaires, et il imprime des feuilles, et il tamponne avec le sceau de la banque, et je signe, et je date, ici, là, là. En 120 minutes, top chrono, je me retrouve devant la banque avec un sentiment de satisfaction, mission accomplie, mon assurance est payée. Et en bonus j'ai un joli carnet, comme quand j'étais enfant et que je pouvais mettre cent sous sur le mien, sauf qu'ici j'ai déjà tout dépensé. Et quand même une question, pourquoi a-t-on pu prendre des sous à Fred pour ces transferts et qu'on ne pouvait pas payer directement?

Avec de telles procédures, pas étonnant qu'il y ait autant de banques.

mardi 20 septembre 2011

Marché des criquets (et autres animaux)



(Shanghai Daily, 16.09.2011)
Il y a beaucoup de folklore concernant les criquets, et voici que la saison des combats de criquets s'ouvre. C'est donc le bon moment d'aller au marchés des criquets, des oiseaux, des poissons, des asticots, des plantes, des chats, des chiens, des cochons d'Inde, des lapins (et autres si entente). J'aurais pu dire "animaux de compagnie", mais une plante verte n'est pas un animal de compagnie...

Bon, un asticot non plus, mais un criquet, oui. On dit que les concubines impériales solitaires de la dynastie Tang  (AD 618-907) étaient réconfortées par le doux stridulement de leurs criquets enfermés dans des cages en or. Plus tard, les gens plus ordinaires s'y sont aussi mis, trouvant ce loisir plutôt gracieux; chaque été on partait à la chasse aux criquets. Et ça continue, des tas de Chinois se baladent fièrement avec une petite boîte contenant un ou deux criquets. C'est aussi dans ce marché qu'on les trouve.

Un boîte à deux criquets, 9 cm x 6 cm
Il y a au moins 150 espèces de criquets en Chine, certains se vendant plus de 10000 yuans!

Certains marchands vendent des criquets microscopiques
qu'il faut nourrir pour qu'ils atteignent
la taille respectable de 10 cm.
Un corps long, des mandibules puissantes et une
tête noire devraient faire un bon criquet.
Difficile à voir dans ces paniers!
Photo empruntée à la collection de P. B.




Des groupes se forment autour "d'arènes" dans lesquelles
sont placés 2 criquets . On leur chatouille la tête
avec un petit pinceau en bambou. Les hommes parient,
discutent et commentent comme d'autres le feraient
autour d'un stade de football. L'organisateur du combat décide
qui est le gagnant, d'autres discussions... et on passe plus loin. 


On étudie des petites boîtes en terre cuite ou en métal
pour détecter les capacités de combat des achats potentiels













On peut avoir des centaines de boîtes de criquets qu'on garde
dans son salon et sa chambre à coucher pendant l'été.
Un site national consacré aux criquets estime qu'il y a
environ 10 millions de gens
qui élèvent des criquets entre juillet et novembre









Un étranger qui s'intéresse à ces petites bêtes ravit les Chinois. Alors l'étranger hésite, compare, se laisse emporter et achète une boîte avec deux criquets. Puis, comme il part le lendemain toute une semaine et qu'il n'a pas l'intention d'emporter ses nouveaux amis, il donne ses instructions quant aux soins à leur apporter et à leur nourriture (du riz cuit, un ou deux grains par jour, sûrement avec amour). 
Cris de l'assistante : "C'est quand même un peu fort, tu achètes des criquets sans me consulter et tu te tires! Je ne veux pas m'en occuper, je ne veux pas de criquets. Point-barre." Alors, tout penaud, il va sur le balcon et envoie les malaimés dans la nature. Invasion de criquets sur Shanghai...

Asticots grouillants au premier plan
Comme mentionné plus haut, il n'y a pas que des criquets dans ce marché. Les oiseaux sont nombreux et vendus pour leur ramage plus que leur plumage. On veut un oiseau qui chante fort pour pouvoir impressionner ses amis. C'est pourquoi les superbes perroquets colorés sont vendus 20 yuans alors que des ménates valent 500 yuans. 

Les graines et les asticots

Par contre, lui, il est à l'aise. (Photo P. B.)
Les conditions de vie des autres animaux provoquent en général des réactions étonnées, voire scandalisées des visiteurs étrangers, des chiens parqués dans des minuscules cages les uns sur les autres, idem pour les chats et les rongeurs.

Les cochons d'Inde sont nombreux dans leur cage.

















Le marché est caché dans la vieille ville dans une ancienne bâtisse basse, entourée de gratte-ciel.

Pour "assister" à un combat de criquets, rendez-vous ici !

lundi 19 septembre 2011

Weibo, Baidu, Taobao, Renren, kesako?

QQ la plus grande messagerie instantanée chinoise
connait un gros succès en Chine.
On compte plus d’un milliard de comptes
dont 500 millions actifs par mois.

En Chine, en principe, la planète Facebook n'est pas accessible, qu'on se le dise. En ce qui me concerne, ce n'est pas une grande punition puisque je résistais sans conviction, je résiste un peu par obligation et je résisterai parce que mes amis ne se trouvent pas là.

N'empêche que des tas d'Occidentaux qui n'ont jamais mis les pieds en Chine s'offusquent d'une telle privation de liberté et que des tas d'Occidentaux qui vivent en Chine font comme moi, ils s'abonnent à un VPN  (virtual private network ou réseau privé virtuel) qui leur permet alors de consulter leurs sites habituels.

Mais ça, c'est pour les étrangers. En Chine, il y a surtout des Chinois, quand même. Alors pour eux, est-ce un drame si l'accès à Facebook leur est refusé. Je n'ai pas fait d'étude scientifique, mais j'ai quand même l’impression qu'ils s'en moquent. D'abord parce que leurs amis sont chinois, pas planétaires et, surtout,  parce que Weibo et Renren existent. Ouf!

Alors, Renren (en chinois: 人人, « tout le monde » en français) c'est quoi? C'est un réseau social chinois étant récemment entré en bourse. Avant août 2009, il s'appelait Xiaonei. Xiaonei a été créé en décembre 2005 par des étudiants de l'Université de Tsinghua. Le 4 mai 2011, ce réseau social de 160 millions de membres entre en bourse à New York dans une opération à 734 millions de dollars.
Weibo est un site de microbloging en chinois. Hybride entre Twitter et Facebook, c'est l'un des sites les plus populaires de Chine, occupant 90% du marché. Il a été lancé en août 2009, et aurait aujourd'hui plus de 200 millions d'utilisateurs.

Il semble que les Chinois utilisent beaucoup et parfois mal l'un et l'autre. J'ai sous les yeux un article qui décrit un feuilleton de l'été sur Weibo : des milliers de lecteurs silencieux ont pu suivre un cadre régional courtisant une dame mariée. Il pensait sa relation cachée, il a fallu qu'un journaliste l'appelle pour qu'il réalise ce qui se passait. Et les lecteurs anonymes sont frustrés, leur feuilleton s'est arrêté. Le cadre, lui, vient de perdre son poste. Un autre scandale a aussi occupé les lecteurs de Weibo, puis des médias traditionnels pendant l'été : une jeune femme a mis en ligne des photos de sa luxueuse Maserati et de son sac Hermes. C'était pas malin-malin. La Maserati, je peux encore comprendre, mais un sac, franchement! Surtout que la dame s'est identifiée comme directrice générale de la Chambre de commerce de la Croix-Rouge chinoise. Scandale, bien sûr, une femme si jeune en possession de tel luxe, la Croix-Rouge chinoise déjà mise à mal par des révélations sur des repas généreux pris par son personnel de Shanghai et financé par les dons n'avait pas besoin de cela. Cette fois, la vie de la dame est exposée en long et en large, et la Croix-Rouge est mise sous tutelle. Tout ça pour quelques photos...

Ils peuvent aussi bien utiliser Weibo. Un journaliste, Deng Fei, a fait la une des journaux en février lorsqu'il a permis de réunir un enfant kidnappé et sa famille. Il s'est alors servi d'Internet pour sensibiliser ses lecteurs aux enfants enlevés et forcés à mendier. Profitant de sa notoriété, il s'est alors lancé dans une campagne visant à offrir à des enfants pauvres de régions rurales un repas par jour. Depuis ce printemps, il a ainsi pu récolter plus de 20 millions de yuans, à 3 yuans le repas, quelques enfants peuvent se réjouir. "Si l'information avait suivi les canaux traditionnels, ça aurait pris beaucoup de temps." Il a aussi constaté qu'en 140 signes chinois (longueur d'un message sur Weibo), on peut dire beaucoup et c'est pour cette raison qu'il lance une nouvelle campagne, offrir une assurance médicale à des enfants dans le besoin. "Weibo a changé l'idée que je me faisais de moi. J'avais pensé être journaliste pour toujours, maintenant je sais que j'ai un autre rôle".

On le voit, les Chinois n'ont pas besoin de Facebook, ils se débrouillent très bien avec leurs propres moyens!

Alors tant qu'à faire, voyons ce qui fait fort en Chine quand on va sur Internet.


Taobao (qui signifie littéralement "trouver quelque chose de précieux", en chinois: 淘宝网) est le principal site Web de vente en ligne de Chine, mis en ligne en 2003. Le site est classé 14ème mondial par Doubleclick ad planner . 59% des achats entre particuliers en Chine se font au travers de Taobao.


Question moteur de recherche, l'équivalent chinois de Google est Baidu.  C'est le site le plus visité de Chine et le huitième site le plus visité sur Internet. Baidu veut dire "cent fois" en français. Comme c'est un peu dur de l'utiliser en chinois, Google Hong Kong fonctionne bien et est rarement bloqué.

Même en "boîte" on reste connecté...

samedi 17 septembre 2011

Nourritures célestes

Parfois on peut manger épicé, parfois sucré, parfois aigre, parfois doux. Mais un goût qui manque à notre panoplie, c'est ce qui pue. Mais devrais-je dire une odeur? C'est bien là tout le problème...

Le durian. Son goût est comme son apparence : piquant et moelleux.
Certains, moins poètes que moi, associent son goût à des chaussettes sales
des excréments d'animaux, de la viande en décomposition...
Est-ce pour cette raison qu'on l'appelle le roi des fruits?
En tous cas, il est interdit dans les hôtels, les hôpitaux et les transports en commun.


On peut diviser les nourritures qui sentent fort (ou carrément puantes) en trois catégories :
  1. celles dont l'odeur pesante est naturelle, comme le durian,
  2. celles dont l'odeur envahissante est due au mode de production (fermentation ou marinage), comme le fromage, les crevettes odorantes ou le tofu puant,
  3. celles qui ne sentent pas mauvais, telles l'ail, l'oignon ou le poireau, mais qui nous donnent une haleine fétide.
Mais qu'est-ce qui fait qu'on aime un met ou un produit qui pue? Il se pourrait que notre sens du goût soit plus tolérant que notre odorat. Je veux bien le croire car je me suis bouché le nez tout l'hiver à l'odeur de tofu puant* dans les rues et quand j'ai dû en manger, pas sous la torture mais presque, j'ai trouvé "que ça allait encore". Il semble aussi que si l'on a été enveloppé dans de telles odeurs dès l'enfance, elles ne nous apparaissent plus comme désagréables. Pour nous, c'est quasi en fermant les yeux qu'on déguste certains fromages; des Asiatiques doivent nous trouver bizarres puisque le fromage ne fait pas partie de leurs habitudes culinaires. Un "expert" avance même que souvent dans les climats chauds on est confronté à des poissons dont l'odeur devient vite fétide à la chaleur. Ce qui est amusant, c'est que ces poissons-là ne sont pas ceux qui se vendent le moins bien.

Le tofu puant n'est pas juste un nom rigolo, mais bien le reflet de la réalité :
une odeur tellement forte, piquante, intrusive qui pénètre dans nos narines
et nous donne juste l'envie de fuir ...
ou de pester de ne pas avoir su anticiper en respirant par la bouche.
Heureusement, c'est plutôt dans la rue qu'on en trouve et
il me semble qu'il doit s'agir d'un mets d'hiver.
En tous cas, les marchands de rue n'ont pas besoin de faire de la publicité
pour leur stand, on sait tout de suite ce qu'ils vendent.
Je viens de lire que peu de gens le cuisinent à la maison, ah quand même un peu de bon sens!
Ceci dit, plein de Chinois l'adorent dès l'enfance.

Il n'y a pas que le durian, le poisson plus très frais ou le tofu puant qui nous soulèvent le cœur. Il nous reste encore à déguster les oeufs de cent ans . La margose, c'est fait, le goût est pire que l'odeur...



Et comment servir ces délicatesses? Ça aussi c'est culturel. Les locaux trouvent que c'est sans accompagnement qu'elles sont les meilleures alors que des toqués occidentaux pensent que cela dépend de la puissance de l'odeur. Plus elle est forte plus le mets devrait être associé à un aliment "neutralisant", comme nous le faisons en servant de la poire avec le fromage.



Deux dégustateurs face à un innocent durian



* Le tofu puant est du soja fermenté dans de l'eau salée pendant plusieurs mois avant d'être frit et servi avec une sauce aigre-douce.


Est-ce que les trains à grande vitesse correspondent aux besoins des passagers?

Rien ne ressemble à un TGV qu'un autre TGV

Je me suis déjà inspirée des réflexions d'un chroniqueur du Shanghai Daily, Wan Lixin, parce qu'il m'aide à penser autrement, à me défaire de certaines idées européennes ou à les adapter à un autre décor.

En Europe, on met volontiers en compétition les voyages en train et les déplacements en avion avec plein de bons points pour le train et des huées de désapprobation pour l'avion.

Un réseau de nouveaux trains qui n'arrête pas de s'étendre

C'est justement cet argument qui a fait galoper mes idées. Un train à grande vitesse, des recherches l'ont démontré, ça pompe du jus, et quand ce jus est fabriqué dans des centrales à charbon, salut l'écologie.Il semble même que l'avion serait moins gourmand, c'est tout dire.

Où ça se gâte encore, c'est qu'en Chine le gaotie (le fer N°1, une autre manière de dire TGV) prend la place des trains normaux dans les préoccupations du gouvernement. Or, que veut le peuple? Des trains normaux. Parce que moins chers, beaucoup moins chers. C'est bien joli de parcourir Shanghai-Beijing en 5 heures, mais des tas de gens trouvaient les trains de nuit parfaitement adéquats et préfèrent voyager 12 heures couchés plutôt que 5 heures assis. En plus, les Chinois valorisent l'économie d'argent, pas forcément l'économie de temps. Tout cela serait parfait si les anciens services avaient été complétés par les nouvelles offres. Mais non, il ne reste qu'un train de nuit sur le tronçon Shanghai-Beijing, avec les résultats qu'on peut imaginer : des queues lors des réservations et des voyageurs debout au lieu d'être couchés, alors que dans les trains à grande vitesse les sièges de 1ère classe ou de classe affaires sont souvent vides.

La gare de HongQiao

Où le chroniqueur s'énerve, c'est quand il se rappelle que le train devait être le moyen de transport des gens ordinaires, ceux qui ne peuvent pas se déplacer en avion, et non pas offrir une alternative à ceux qui peuvent voler quel qu'en soit le prix. Parce qu'il se pourrait bien que des tas de gens ne puissent plus aller retrouver leurs familles.

On verra si sa prévision se vérifie puisque nous sommes à la veille des vacances de la Fête nationale, une des deux périodes de grands déplacements pour les Chinois, l'autre étant le Nouvel An chinois.

Les guichets des billets