Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 12 avril 2012

Au fil du Yangtsé


Le Yangtsé, on le voit aussi écrit Yangtze, Yangzi, Yang Tsé Kiang, Yang-tseu-kiang ou Yangzi Jiang ( 扬子江  ; littéralement "le fleuve Yangzi"). Mais ici on dit Chang Jiang (长江, littéralement le "long fleuve"), c'est vraiment malin de compliquer ainsi la vie des gens. Autrefois Fleuve Bleu, c'est le plus long fleuve d'Asie et le troisième plus long fleuve du monde après l'Amazone et le Nil. Il prend sa source au Tibet, à 6 621 mètres, dans les monts Tanggula, où il est appelé en tibétain Dri chu ("fleuve de la femelle du yack"). Ça ne s'arrange pas !


Il parcourt 6 300 km avant de rejoindre la mer de Chine orientale, au nord de Shanghai. Il serpente à travers les provinces du Qinghai, du Yunnan, du Sichuan, du Hubei, du Hunan, du Jiangxi, de l'Anhui et du Jiangsu et traverse les immenses agglomérations de Chongqing, Nankin et Shanghai.


" Lors de son parcours, il reçoit les eaux de plus de 700 affluents drainant un bassin hydrographique de 1,8 million de kilomètres carrés. Chaque année il déverse près de mille milliards de mètres cubes d'eau dans la mer de Chine, charriant des milliers de tonnes de limon au large des côtes. Le Yangzé alimente en eau 40 % du territoire chinois et 70 % de la production rizicole. " (Wikipedia) On voit qu'on est dans la cour des grands.

Ça, c'est quand il fait beau !
La région est réputée pour son brouillard.

Naviguer de Chongqing à Yichang faisait partie de voyages que je voulais entreprendre en Chine. Il y en a bien d'autres, mais celui-ci était tout en haut de la liste. Pour différentes raisons : parce que le fleuve est un géant qui arrive à nos pieds, que c'est un nom qui me fait rêver et, forcément, pour le barrage des Trois Gorges. Que de bonnes raisons...

Le bateau qui nous a baladés

Ce n'est pas tellement ce que nous avons vu (pagodes, montagnes, gorges, ...) qui m'a fascinée, mais plutôt tout ce qu'on pouvait percevoir, sans forcément voir. Tout d'abord que ce fleuve a longtemps été la seule voie entre le Tibet et la mer. Nombreux et variés sont les chargements qui le remonte ou le descende.








La livraison des oranges pour notre petit déj

Mais surtout à cause des transformations dues au barrage. Si nous nous sommes glissés dans des gorges entre des montagnes, c'est surtout d'imaginer comment c'était avant, quand le fleuve était 170m plus bas. Avant, il devait avoir l'air d'un fleuve. Maintenant, à part quand les montagnes sont trop resserrées, j'avais l'impression d'être sur un lac.

La région, illustrée sur un billet de 2005




Avec la montée des eaux, des îles se sont crées
 Les villes qui bordent le fleuve sont plutôt modernes et uniformes et souvent encore en cours de construction. Forcément, puisque d'autres bourgades, celles d'avant, sont noyées sous les eaux. Selon les sources, 1.3 millions ou 3 millions de personnes ont été déplacées dans 13 provinces différentes. Ça fait quand même pas mal de vies qui ont dû changer, s'habituer à d'autres décors, soit ici, soit ailleurs. Je me demande ce que ça doit faire de savoir que sa maison, son champ, son arbre, ... sont engloutis définitivement sous les eaux. Quand on voyait une vieille maison non loin de l'eau, on pensait "et dire que son propriétaire voulait être en altitude !"

 








Même les affluents ont été transformés. Nous avons flotté dans la gorge Shen Nong, conduits par des bateliers de la minorité ethnique Tujia.

Ça, c'est nous

Ça, ce sont des Tujia

Les Tujia et les touristes sont nombreux à se mélanger
sur les eaux qui sont montées de 30m...

... apparemment nous sommes bienvenus
En regardant des photos pas si vieilles que ça, on se rend compte des changements qui ont eu lieu.

Avant :


Les barques devaient être tirées
(photos Trackers of Shen Nong Xi)
















 Maintenant :





Plus trop de soucis pour naviguer






En mai 2006, des experts chinois ont publié des rapports alarmants sur l'état de la pollution du fleuve. L'approvisionnement en eau potable de l'agglomération de Shanghai pourrait devenir problématique si aucune solution n'est trouvée. Selon Lu Jianjian, professeur d'une université de l'Est de la Chine, 40% des déchets du pays sont déversés dans le fleuve, soit environ 25 milliards de tonnes chaque année. Le tiers de la pollution proviendrait des engrais chimiques, des pesticides et des rejets agricoles, le reste venant des villes, du secteur industriel et des bateaux.

Pas étonnant que le Yangtsé / Chang Jiang ne soit plus trop le Fleuve Bleu !

Eux, ils sont résolument tournés vers l'avenir

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